Библиографски раздел
Катерина Крушева Европа и европейците в публицистиката и писмата на Гео Милев
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Summary/Abstract
РезюмеEn 1724 paraissent deux ouvrages aux visées différentes mais à la méthode identique et foncièrement nouvelle : les Mœurs des sauvages américains, comparées aux mœurs des premiers temps, du père Joseph-François Lafitau, et le traité De l’origine des fables de Fontenelle. Le premier, jésuite qui avait longtemps séjourné dans le Nouveau monde, cherchait à prouver la rémanence universelle de la révélation faite par Dieu aux premiers hommes, déformée mais jamais perdue au fil des avatars des croyances humaines. Le second, rationaliste sceptique soucieux de remettre en cause les dogmes établis, cherchait au contraire à discréditer la croyance religieuse en montrant que son fondement est intrinsèquement lié à la fable. Malgré ces divergences de perspective, les deux auteurs eurent recours à la même stratégie : leur méditation sur le christianisme contemporain emprunta le détour d’une réflexion sur ce qui représentait l’altérité absolue au XVIIIe siècle, les sauvages d’Amérique du Nord, pour les comparer avec le peuple qui fondait la civilisation occidentale, les Grecs de l’Antiquité. Lafitau part du principe que les Iroquois et les Hurons, malgré l’étrangeté de leurs coutumes, longuement décrites et représentées dans son ouvrage, sont proches des nations anciennes qui ont vécu avant l’invention de l’écriture, et qu’ils offrent donc un vivant tableau de l’humanité originelle où l’on retrouve une étincelle, altérée mais toujours vivace, du monothéisme des premiers âges. Fontenelle, lui, met en parallèle les pratiques des sauvages contemporains et celles des anciens peuples pour éclairer la similitude des êtres humains à un certain degré de leur développement intellectuel. Il définit ainsi une mentalité primitive, indépendante du temps et du lieu, et met à nu la fonction fabulatrice inhérente à l’esprit humain.Ключови думи